INTERVIEW
Chez MoPA, les étudiants suivent des cours à la fois théoriques et pratiques. Dans la filière Cinéma d’Animation 3D, les cours sont répartis sur 5 années après une année de classe préparatoire. Le premier cycle, de la 1e à la 3e année, est basé sur l’acquisition des fondamentaux artistiques et sur le processus de production d’un film d’animation. Le second cycle quant à lui, permet le perfectionnement et la professionnalisation.
Dans ce contexte, les étudiants MoPA réalisent un stage au sein de différents types de structures. C’est le cas d’Amélie qui nous a fait part de son expérience.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et pouvez-vous nous présenter l’entreprise dans laquelle vous avez effectué votre stage ?
Je m’appelle Amélie Baars et je viens de finir ma dernière année à MOPA. J’ai effectué mon stage au Service Patrimoine de la Mairie d’Arles.
Pourquoi avez-vous choisi cette entreprise pour votre stage ?
Je suis rentrée à MOPA parce que j’aime raconter des histoires mais aussi, et surtout, les entendre et les découvrir. Ce stage m’a tout de suite plu car je savais que j’allais en apprendre davantage sur l’histoire de la ville dans laquelle j’ai passé cinq ans de ma vie.
De plus, le projet annoncé concernait les Cryptoportiques d’Arles, un lieu qui a traversé de nombreuses époques et qui a donc beaucoup de choses à raconter. J’avais hâte de découvrir comment nouvelles technologies et Patrimoine Historique allaient se compléter.
Quel était votre poste et vos principales missions ?
Mon poste était animatrice 3Dmais il a fallu que j’élargisse mon champ d’action pour mener au mieux ce projet. Je suis arrivée au moment des “premières pierres”, ce qui impliquait de commencer par des recherches archéologiques approfondies, de réaliser des esquisses, de visiter des musées et de participer à des réunions avec des archéologues et d’autres professionnels à qui nous devions présenter notre travail et nos avancées avant de pouvoir concrètement animer.
Nous avions deux grandes missions :
- La première consistait à nettoyer un nuage de points, c’est-à-dire le scan 3D des Cryptoportiques réalisé par une agence spécialisée.
- La seconde était la création et l’animation de personnages et de décors (ainsi que leurs textures) destinés à la visite immersive.
Je suis rentrée à MOPA parce que j’aime raconter des histoires mais aussi, et surtout, les entendre et les découvrir. Ce stage m’a tout de suite plu car je savais que j’allais en apprendre davantage sur l’histoire de la ville dans laquelle j’ai passé cinq ans de ma vie.
Amélie BAARS
Promotion 2026
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cet univers et dans le quotidien de ce métier ?
Ce qui m’a le plus marqué c’est la possibilité de comprendre comment vivait une population à une certaine époque grâce aux recherches, aux traces, aux preuves, aux objets retrouvés, mais aussi aux similitudes avec d’autres lieux qui laissent penser que les mêmes choses auraient pu se produire ici.
C’était une enquête permanente : l’archéologie est vraiment un métier remarquable. J’ajouterais même que j’ai redécouvert l’archéologie. On imagine souvent que ce métier se résume à de grandes découvertes sur un site, mais c’est surtout énormément de recherches. On ne peut pas tout deviner en trouvant une amphore quelque part : il faut se poser des questions pour comprendre son parcours et son impact dans l’Histoire. Quelle est sa forme ? Était-elle destinée à transporter de l’huile, du vin, de la sauce de poisson ? S’agit-il d’une amphore gauloise, romaine ou encore africaine ?
Dans ce milieu la 3D est un outil vraiment indispensable, autant pour les archéologues que pour les visiteurs et les curieux souhaitant comprendre notre patrimoine historique. Rien que la possibilité de scanner l’entièreté d’un monument et de pouvoir le conserver, lui et son histoire, même s’il venait à disparaître, est essentielle.
Quelles sont, selon vous, les qualités essentielles pour réussir à ce poste ?
Selon moi il est indispensable d’être curieux, créatif et, évidemment, d’avoir l’esprit d’équipe. Curieux, car il y avait énormément de recherches à mener. Créatif, car nous devions transposer des hypothèses de recherche en visuels compréhensibles pour un public non expérimenté, tout en restant suffisamment rigoureux pour ne pas transmettre de fausses idées. Enfin, l’esprit d’équipe car ce projet était collectif et a réuni différentes écoles et institutions avec lesquelles il a fallu échanger et collaborer pour le mener à bien.
Le rôle de l’animateur 3D est de mettre en mouvement des éléments (personnages, objets…) d’un film d’animation. Dans le domaine de l’animation 2D, il part du dessin et donne vie aux éléments avec ses outils numériques. Pour un film d’animation 3D, tout se fait entièrement sur ordinateur à partir de logiciels d’images de synthèse et d’animation.
L’animateur 3D possède une solide culture générale de son métier et des différentes étapes de la chaîne de production et dispose d’un goût prononcé pour le dessin animé. L’animateur 3D va animer et manipuler les modèles 3D créés en amont par des designers et artistes.
Quels types de projets avez-vous eu l’opportunité de piloter ?
J’ai eu l’opportunité de participer aux premières pierres du projet de “Revalorisation des Cryptoportiques de la ville d’Arles à travers une visite immersive”. Un projet de grande ampleur, présenté au public lors des Journées du Patrimoine ainsi qu’au cours de l’inauguration du HUB en présence du maire. Il a d’ailleurs rencontré un vif succès auprès de tous les âges.
Quels outils ou logiciels avez-vous appris à utiliser pendant ce stage ?
Pendant ce stage, j’ai utilisé essentiellement Maya pour l’animation et la mise en place du décor, mais aussi Photoshop pour les croquis et les recherches.
Votre stage vous a-t-il permis d’acquérir de nouvelles compétences ?
Ce stage m’a permis d’apprendre à présenter mes idées devant plusieurs personnes et à être plus à l’aise à l’oral. J’ai aussi appris à m’adapter au chemin, parfois long, qu’une information doit parcourir à travers différents services avant d’obtenir une réponse.
Dans le domaine de la 3D, j’ai également appris à adapter mes animations en fonction du support final.
Être capable d’expliquer clairement ses idées, quel que soit le nombre de personnes présentes ou leur statut, est essentiel. C’est dans ces grandes réunions que l’on évoque les problèmes, les solutions, les pistes à envisager et les personnes à contacter par la suite. C’est ainsi que le projet peut avancer sainement.
Comprendre la réalité des délais de prise de décision est également important. À l’école, nous avons tout, tout de suite : nos collègues sont juste derrière nous et pour une question liée à l’établissement, il suffit de descendre deux escaliers pour obtenir une réponse rapide. Ici, il s’agit de départements différents, de personnes qui n’ont pas le même planning que nous : une réponse peut parfois prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Et il faut accepter ce délai, car ce que nous considérons comme une urgence à notre échelle ne l’est probablement pas du tout pour la personne sollicitée.
En ce qui concerne la 3D, le projet se rapprochait beaucoup du jeu vidéo puisqu’il était finalisé sur Unity. J’ai donc dû adapter mes animations à une utilisation en temps réel (et donc cyclique), contrairement au film où tout suit une trame fixe et où le spectateur n’a aucun impact. Je devais imaginer comment le personnage pourrait interagir avec le spectateur : c’était vraiment passionnant.
Votre stage a-t-il confirmé votre choix de carrière ou vous a-t-il donné envie d’explorer d’autres domaines ?
Ce stage a totalement confirmé mon choix de carrière, mais il m’a aussi ouvert les yeux sur d’autres domaines, notamment patrimonial ou historique, dans lesquels la 3D est clairement un outil remarquable. L’animation dans le jeu vidéo m’intéresse aussi beaucoup. J’aime cette idée de partage avec le joueur et le fait de réfléchir à l’avance à ce qu’il pourrait découvrir.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants de MoPA qui cherchent un stage ?
Le conseil que je donnerais aux futurs étudiants de MoPA qui cherchent un stage, c’est que, bien sûr, un stage en studio d’animation est le Saint Graal, mais explorer d’autres opportunités peut aussi permettre de développer des soft skills, essentiels pour un futur professionnel, et parfois même de découvrir un domaine auquel vous n’auriez jamais pensé.
N’oubliez pas que, dans ce milieu, tout le monde se connaît, les contacts peuvent être très rapides même si vous n’êtes pas dans LE studio ou LA bonne entreprise.
Enfin, sachez que le stage ne définit pas votre futur (même s’il peut évidemment vous y aider). Bien que l’industrie de l’animation traverse malheureusement une période assez compliquée (le nombre de projets reste limité comparé au flux exponentiel d’étudiants sortant des écoles de 3D chaque année) faites tout pour avoir un demoreel qui claque avant votre stage et continuez à l’alimenter après : ce n’est que le début de l’aventure !
Pour finir, quels sont vos projets ou aspirations pour la suite de votre parcours après MoPA ?
Après MoPA, j’aimerais beaucoup continuer à être animatrice 3D et évoluer dans ce métier en gravissant les échelons, quel que soit le secteur. On m’a offert l’opportunité de débuter ma carrière au Canada, je croise les doigts pour pouvoir concrétiser tout cela.
Nous remercions Amélie pour son précieux retour d’expérience et lui souhaitons pleine réussite dans la suite de son parcours, au Canada nous l’espérons, suite à son diplôme obtenu cette année !